Journée d’Étude : « Abdellatif Laâbi, explorateur du continent humain »

Par Nicole Denayrolles, 1 février, 2024
Abdellatif Laâbi

vendredi 15 Mars 2024
Salle des colloques 2 - Site Saint Charles 1 – Université Paul-Valéry

LaabiL’objectif de cette journée d’étude sera de considérer le parcours de l’écrivain marocain Abdellatif Laâbi à travers la pluralité de ses pratiques littéraires.

Téléchargez ici la présentation de la journée

Voici le lien de l’appel à communication

Abdellatif Laâbi est un écrivain marocain francophone dont le parcours littéraire foisonnant débute en 1966 au Maroc, avec la création de la revue Souffles qui cherchait à renouveler le paysage culturel marocain et à décoloniser les esprits après la période de protectorat français.

Poète dissident sous le régime hassanien, auteur engagé enfermé durant huit années dans les geôles de Kénitra, écrivain de l’exil, poète du « continent humain », telles sont les périphrases qui ont été tour à tour employées pour le désigner et saisir les multiples branches d’un parcours littéraire foisonnant qui n’a cessé de s’enrichir depuis les années 1960, touchant à la fois à la poésie, au roman, au théâtre, à l’anthologie, à l’essai, à l’écrit épistolaire, à la traduction ou encore à des formes génériques hybrides tel le récit poétique La Fuite vers Samarkand publié en 2015.

La journée d’étude se propose d’aborder l’œuvre multiple de l’auteur dans sa complexité et la multiplicité des trajectoires qu’elle esquisse, non seulement dans l’espace littéraire francophone, mais également dans l’espace international. En effet, Abdellatif Laâbi a pensé son rapport à la littérature à partir des langues qui le traversent : alors que, chez tant d’écrivains du Maghreb, l’usage de la langue française a pu être considérée comme une expérience de déchirure et d’aliénation, le poète parle des « privilèges du bilinguisme » (Horizons maghrébins, 2015).

Paradoxalement, l’apprentissage de l’arabe classique durant les années d’emprisonnement a permis à l’auteur d’habiter pleinement la langue française, de s’y forger ses « propres armes », sa « propre langue d’écrivain » (La Brûlure des interrogations, 1985 : 48).

En choisissant de ne pas axer cette journée sur une thématique spécifique, il s’agit d’explorer les multiples chemins empruntés par l’auteur et de tisser des liens entre ses diverses productions et activités littéraires. En effet, il nous paraît essentiel de participer à l’enrichissement des travaux menés sur cet auteur, dont les oeuvres, malgré leur importance, restent encore trop peu explorées dans le champ des études francophones.

Trois aspects de sa trajectoire ont fait l’objet de plusieurs travaux : la période Souffles et les recueils des années 1960-1980, marqués par ce que Marc Gontard nomme « la violence du texte » ; la littérature carcérale (années 1970) ; le roman autobiographique Le Fond de la jarre. Si la journée d’étude a vocation à aborder l’oeuvre dans sa pluralité, il s’agit également d’approfondir certaines dimensions qui ont pu rester dans l’ombre, notamment la pratique anthologique, les oeuvres poétiques et narratives les plus récentes, le théâtre ou encore, dans une approche plus sociologique et transversale, l’appartenance de l’auteur à plusieurs espaces littéraires et linguistiques.

Situé à la fois dans le champ littéraire français et dans le champ littéraire marocain francophone, Laâbi l’est aussi dans l’espace arabophone, il érige des passerelles à travers traductions, anthologies et oeuvres originales.