Correspondances de la Guerre d’Algérie, une valorisation du fonds d’archives privées François Coulet

Par Nicole Denayrolles, 30 janvier, 2023
1956. François Coulet (deuxième plan, à droite) en Algérie

"Correspondances de la Guerre d’Algérie", projet sélectionné dans le cadre de l'appel à projets 2022 de la Maison des francophonies, vise à une valorisation du fonds d’archives privées François Coulet.

Le projet commencera par la numérisation et la transcription du fonds d’archives de François Coulet (1906-1984), dont le laboratoire Praxiling est dépositaire. Ce fonds lui a été confié en tant que spécialiste des correspondances de guerre. Il comporte en effet une correspondance du colonel François Coulet avec sa mère, pendant la période de la Guerre d’Algérie.

Ancien étudiant de l’université de Montpellier devenu diplomate, François Coulet rejoint la France libre en juin 1940. Après la guerre, il sera ambassadeur de France à Téhéran puis à Belgrade. Mais il ne supporte pas de voir s’effondrer l’empire colonial : en 1955, il quitte tout.

À 50 ans, il apprend à sauter en parachute et rejoint en Algérie les commandos parachutistes. Durant quatre ans, il tient une correspondance régulière avec sa mère, entre Alger et Montpellier. Tracées d’une main ferme, ses lettres racontent la vie quotidienne d’un lieutenant-colonel en Algérie pendant ce qu’il n’hésite pas à appeler « la guerre ». Le temps de François Coulet se partage entre la vie à Alger, où le rejoint sa femme Nathalie, et les « opérations ». Il part en expédition à « Orléansville », « Philippeville », « Champlain », et, dans ces simples noms, le lecteur d’aujourd’hui lit la violence de la colonisation.

Effectuée par Agnès Lafourcade, étudiante en Licence en Sciences du langage, sous la supervision d’Agnès Steuckardt (UPV), la transcription des lettres confronte à un univers dont les valeurs, les présupposés et ce qui nous apparaît comme une tranquille inconscience nous heurtent. Comment François Coulet peut-il enchaîner le récit d’une invitation mondaine à celui d’une expédition militaire dans un village où il « descend » un « fellagha » ?

La connaissance de ce passé traumatique est une condition à la construction d’espaces francophones apaisés. Le soutien de la Maison des Francophonies a permis de transcrire la première année de cette correspondance (1956). La transcription se poursuit et fera l’objet d’une publication numérique une fois achevée.